Joël Denot

 

Notes de mon entretien avec Joël Denot le 29 décembre 2015 à Paris

 

ML : Votre approche ?

JD : Différents supports, aussi à la chambre.

Je ne pensais pas aller jusque là.

Photographie sensible juste avant l’image, sans référent.

Je voulais faire une photographie qui n’est pas encore là, le contraire du « ça a été ».

Mais il faut bien photographier quelque chose.

Intérêt pour les bandes amorce, photo latente.

Gérer la lumière colorée.

Peu de production.

 

Mais préparation importante ?

Je tourne, je regarde, je m’enferme.

C’est assez mystérieux, comme si ça m’était imposé, automatique.

Eviter l’image, pas de décor ; raccords de blanc, très aléatoire, aller au bout de la sensibilité.

Latence, à peine révélé, en grande partie vierge.

 

Comment êtes vous arrivé là, votre évolution ?

Peu changé au fil du temps en terme de conception, mais régler des problèmes.

« je réagis contre la multiplication des images ».

« la photo n’est pas que l’enregistrement du monde ».

Tout a déjà été fait ; j’ai voulu tenter l’expérience de gérer la lumière.

Même questionnements que dans la peinture : éclairage, composition.

Construction : caches qu’il peint, superpositions.

Travail en séries ; 30 par an. Longue élaboration.

Sténopé : regard pendant la photo, encore un cadrage.

Laisser le plus possible de prise au hasard.

Être un parasite plutôt qu’un contrôleur ; ça se fait sans moi.

L’invisible.

Vide et lumière.

 

Dimension temporelle ?

Être la bande-amorce de toute la photographie.

Liberté avant d’être dans le système de représentation, avant la 1e pose.

 

Votre corps dans l’image ?

Image latente, le reste photographique.

Je n’interviens pas au labo, je prépare avant, la seule mesure c’est le corps.

Importance du corps, montré / caché. Lumière vs corps.

 

Pour le voir, il faut être concentré

Deuxième révélation  de l’image.

Sinon, trop plastique.

Pas de référent, ce qui n’est pas là.

Travaille avec Choi pour le tirage.

Matériau brut, pas préparé.

 

Affinité avec la peinture ? Physique, gestuelle ?

Rapport avec les surfaces.

 

Choix de l’unicité ? Lié à ça ?

Unicité : comme un tableau.

Donc l’aura aussi.

 

C’est le premier texte de Catherine Millet sur la photographie. Elle relie mon travail à l’abstraction américaine. Je suis content qu’elle parle de peinture.

Lumière, drapé et peinture dans son texte.

 

Photographie brute ?

Pas art brut. Avant l’image, ce brut là.