Qu’est-ce que la photographie expérimentale ?
C’est un champ peu étudié et un concept peu défini dans l’histoire de la photographie contemporaine. L’auteur présente les travaux d’une centaine de photographes expérimentaux et, pour les caractériser, s’appuie en particulier sur les thèses du philosophe brésilien Vilém Flusser : des photographes jouant contre les appareils, ne respectant pas les règles et perturbant le bon fonctionnement de l’apparatus photographique en en modifiant les paramètres établis.
Ainsi, certains artistes enfreignent les règles de production de l’image en jouant avec le temps, avec la lumière, avec la chimie du développement ou avec le tirage, ou en réinventant l’appareil photographique.
D’autres se démarquent du dispositif en déconstruisant l’appareil, en n’utilisant pas d’objectif (camera obscura), parfois pas d’appareil du tout (photogramme), ou en défaisant la matière photographique.
D’autres enfin déplacent l’auteur-photographe, en l’effaçant ou en incluant leur propre corps dans le geste photographique.
La photographie expérimentale contemporaine ne constitue pas à proprement parler une école ou un mouvement, mais simplement un courant, un moment entre le déclin de la photographie analogique documentaire traditionnelle et l’avènement de la photographie numérique à la fin du XXe siècle et au début du XXIesiècle.
Marc Lenot a soutenu, en juin 201, une thèse sur la photographie expérimentale à l’Université Paris 1 Sorbonne sous la direction de Michel Poivert.
Il a aussi écrit plusieurs essais sur le photographe tchèque Miroslav Tichý. Lauréat 2014 du Prix de la critique décerné par la section française de l’AICA (Association internationale des Critiques d’Art), il a été, à ce titre, l’éditeur du livre Estefanía Peñafiel Loaiza, fragments liminaires (les presses du réel, 2015). Il est aussi l’auteur du blog Lunettes Rouges sur l’art contemporain publié sous l’égide du Monde.
Jean-François Lecourt est un artiste français né en 1958, ancien élève de Gina Pane. Son travail expérimente les limites de l’acte photographique et en démonte les rouages, qu’il s’agisse de tirs de destruction d’appareils photographiques, ou d’activations de camerae obscurae par un tir de balle ou de flèche. Sa monographie, Le Tir dans l’Appareil photographique, est parue en 2015 (éditions du Creux de l’Enfer).
Ignaz Cassar est un écrivain et artiste italien-britannique né en 1976, vivant à Montréal. Ses recherches portent sur la phénoménologie de l’image en relation avec les espaces et les temporalités liés à la production même de la photographie. Il a mis en œuvre certains de ses concepts philosophiques, en dialogue avec l’œuvre de Lacan et Derrida notamment, en réalisant des travaux photographiques questionnant la nature de l’image et le statut du photographe. Ses écrits et travaux sont documentés sur http://www.cassar.com/fr/
Rencontre à l’Espace éducatif du Jeu de Paume, le mardi 14 novembre 2017 à 19 heures.
Entrée libre dans la limite des places disponibles.