Patrick Bailly-Maître-Grand

 

 Transcription partielle de l’entretien entre Patrick Bailly-Maître-Grand et Michel Poivert le 28 juin 2014 au Musée d’Art moderne et contemporain, Strasbourg, à l’occasion de son exposition Colles et Chimères

 

PB Lit le texte qui se trouve P14-15 de sa monographie.

 

MP J’ai découvert le travail de PBMG arrivant à Paris en 1985 chez Michèle Chomette.

Souvenir d’extensions et de déformations d’animaux, des varans.

Dans cette exposition, on prend la mesure de la gravité.

Votre « somnambulisme artistique » est très cohérent en termes artistiques et iconographiques, mais aussi dans la question de l’invention technique.

Mais on se souvient jamais dans l’histoire de la photo des inventions qui n’ont pas réussi, ou plutôt n’ont pas eu d’usage.

Des choses qui marchaient, mais dont on ne s’est jamais servi.

Pour chaque œuvre PBMG invente une technique qui marche (il en fait une série) puis l’abandonne.

Là où l’inventeur aurait poursuivi lui abandonne.

Quelle économie est-ce?

 

PB Je n’ai rien inventé, peut-être seulement la technique de la solarisation progressive (six crânes, du Positif au Négatif dans la foulée, progressivement), c’est tout.

 

MP Pas l’invention au sens technologique, mais une trouvaille, un bricolage.

Vous avez mis au point des bricolages qui fonctionnent, vous mettez en place une procédure originale.

 

PB Formé à la peinture : c’était trop simple. Ca m’ennuie, on est face à la toile, c’est tout.

Photographie : un couloir avec cent portes à ouvrir.

Je suis scientifique et bricoleur.

La notion d’outil est essentiel (en analogique).

 

MP Une fois qu’un processus (un dispositif) est stabilisé, c’est l’ennui.

 

PB Oui absolument, je fuis l’ennui. Le succès débouche sur l’ennui.

 

MP Etes-vous victime de cela ? Vous avez besoin du renouvellement. Vos outils sont à un coup. Le désir doit renaitre. Comme un être moderne.

 

PB Mon imaginaire déborde (mes carnets sont remplis de trucs à faire, je n’en fais pas 10%).

 

MP Rêves programmatiques aléatoires.

Pas une errance. Une énergie.

Très tôt chez vous, il y a une exploration de l’ancien. Pourquoi  cette archéologie du photographique ?

 

PB Je n’ai pas le sentiment de faire de l’ancien. Des outils existent, je les prends, pas de fétichisme du passé.

Le daguerréotype c’est un outil, un médium, comme un crayon.

Je veux revenir sur la notion d’outil.

Création = Désir, outil, traduction.

Désir = recherche du beau.

Outil : pour le réaliser, je prends quoi ?

Traduction : ce qui arrive n’est pas exactement mon désir ; il faut corriger (comme un romancier qui raye). C’est une souffrance. C’est le cheminement vrai

Et le hasard ? Aucune influence pour moi.

 

MP Votre rapport à l’histoire est ce qui m’intéresse.  Vous actualisez les outils, mais n’avez pas une vision historique.

Que regardiez-vous quand vous avez 20 ans ?

 

PB  J’étais dans la rue, je suis un soixante-huitart classique, puis grosse dépression dans les années 70 (plus problème de santé, sanatorium).

Alors j’ai abandonné mes études de physique (maîtrise), je suis passé à la peinture pendant dix ans.

Mais alors la photo ne m’intéressait pas du tout.

 

MP Avez-vous une culture académique ? Allez-vous voir des expos, entrez-vous dans des églises ?

 

PB J’étais acculturé. Je viens d’un monde triste ; je me suis construit un nez rouge je veux faire rire.

Ca ne passait pas par la culture, les musées.

 

MP J’aime beaucoup « Vacances avec les copines »

Que sont ces objets du quotidien ? Les mouches nous montrent des choses intimes : certaines banales, mais aussi un bout de Larousse avec le mot « moteur » avec dessin ; et aussi une photo d’enfant, scène de classe. Côté proustien un peu intimiste. On vous imagine enfant passionné par dessins de moteur. C’est votre série la plus intimiste.

 

PB J’ai aussi fait des études préparatoires aux Arts & Métiers (j’ai échoué), souvenir merveilleux, on apprend tout (dessin, technologie).

La page du Larousse : ce n’est pas signifiant.

 

MP C’était bien sûr la mouche qui tournait les pages du Larousse.

 

PB Ce sont des vanités. Comment elles volent ! Mouches d’une beauté stupéfiante, et fragile.

 

MP La mouche qui vole : passion d’ingénieur.

Bestiaire d’insectes, de varans, pas de chats, ni de chiens.

 

PB La mort rôde.

 

MP Non, c’est un cabinet de curiosité.

Insectes : sont-ils morbides ? Vous avez une fascination pour ces animaux ?

 

PB Insectes : à la fois précision de la machine et fragile. Dualité merveille et vanité.

Cabinet de curiosités : très juste. Chez moi, un mur plein d’objets baroques ; c’est un émerveillement pour la nature. Attraper l’universel, l’accrocher sur son mur. C’est vain

C’est un état d’esprit.
C’est aussi un réservoir de nostalgie

 

MP Cabinet : moment de rencontre de l’art et les sciences, et le savoir. Mais c’étaient des choses précieuses.

Vous c’est plutôt la décharge publique, des choses sans valeur (matelas abîmé), mais avec des tirages très bien faits, précieux, sophistiqués.

Des images sophistiquées de choses déclassées sans valeur.

Une présentation très sophistiquée de choses sans valeur.

 

PB Pas du tout d’accord. Un bois flotté contient un fantôme, mais est sans valeur.

 

MP Votre geste est tout le temps politique : vous allez célébrer par la création des objets déclassés par la société.

 

PB Oui, les mouches, elles me fascinent.

 

MP  On passe de la fosse commune au cabinet de curiosité.

Toute la question de la transformation, des outils.

Technologie numérique (révolution ou transition ?). On s’y adapte.

Chez vous, l’artisanat de bricoleur, que va-t-il faire des nouvelles machines (qui ne sont pas encore en ruines).

Au Fresnoy comment allez-vous faire ?

Depuis que la photographie est passée à autre chose, ce type de processus anciens fascine encore plus. Tous les intellectuels qui ont parlé de l’obsolescence de la photographie se sont plantés. En fait ca régénère du réel. Pas d’obsolescence au contraire fascination.

 

PB  Même révolution qu’arrivée de la photo dans la peinture.

Suis-je ringard, réactionnaire ?

Série Les Gémelles, photographiés à 50/80 cm de distance, avec une grosse optique. Ne pas voir l’optique : très difficile à faire. Il m’a fallu 3 ou 4 mois (alors qu’avec Photoshop, c’était très simple).

 

MP Quand je vois ça, je me dis PB se moque des pixels, c’est du Thomas Struth en morceaux.

Qu’elle qu’en soit la chronologie, vous allez amener confrontation entre techniques anciennes et nouvelles technologies.

Votre vidéo « explicative » dans l’expo : je me suis dit : il ne montre rien, c’est un illusionniste.

Deux références, vous citez Marey et Sudek.

Les verres : un hommage à Sudek.

 

PB J’ai vu son travail à Prague, mais je ne l’ai pas rencontré de son vivant.

Sudek est une référence : ses images sont très étranges, je les compare à ce qu’on voit sur le verre dépoli de l’appareil.

Le verre est son sujet favori. Préciosité de cette lumière.

 

MP Il y a une très profonde cohérence avec vous : Sudek fait de son outil le cœur même de son œuvre. Arriver à voir ce qui est dans le cœur de sa machine.

Chez vous aussi, il est toujours question des outils du photographe.

Alors ce que nous voyons n’est-il qu’un prétexte ?

 

PB Mais oui c’est un prétexte Je présente un aboutissement, des tracés de désir.

Je dois répondre aux questions « comment c’est fait ».

Un ami m’a dit hier « mélange tout ça et cesse de parler de techno, sors de ton champ, de tes boîtes, de tes classifications, chaque image va prendre sa puissance ».

Me contraindre à sortir de mon champ déblatoire sur la technologie.

Il a sans doute raison.

 

MP Approche nosologique, délire taxonomique (votre dérive de la science vers l’art).

Cessez de travailler en série, fabriquez du flux dans votre travail, cassez les catégories, ressaisissez.

Le numérique peut apporter ça.

Chaque visiteur se fait son film.

Les trois gants (African Bata) : série différente des autres, ne rentrant pas dans une classification (aussi les astéroïdes).

Je n’avais plus le sentiment de voir l’aboutissement d’une construction, mais quelque chose de différent, de frais, je ne sais pas pourquoi (frontalité, sculpture africaine) mais aussi  image violente, une volonté de combattre le regard, moins de vanités, moins de références savantes, moins de travail technique, d’invention, de dispositif nouveau.

 

PB Ce sont des chaussures, pas des gants.

Colles et Chimères : je tenais à ce titre : dualité entre hardware et software, entre bricolage et désir.

Têtes de poupées écrasées : je voulais déstructurer les objets et les recomposer différemment, changer l’apparence des choses (interprétation psychologique ?).

Objets courants, leur beauté peut passer inaperçue, je veux réveiller leur beauté endormie.

J’ai vu apparaître des masques africains.

 

MP Je vois dans votre expo un cousinage avec des artistes plus jeunes (Poitevin, Gronon, Belin). Je ne m’étais pas rendu compte à quel point votre œuvre résonne avec eux.

Comment observez-vous la scène contemporaine ? Ce qui vous plait, ce qui vous agace.

 

PB La photo contemporaine m’emmerde, à cause du numérique (ex. Valérie Belin), ça m’ennuie,

 

MP Mais beaucoup travaillent à la chambre (Belin : mauvais tournant qu’elle a pris).

 

PB Oui mais après ils scannent leur négatif et le modifient numériquement.

 

MP Les tireurs c’est un travail très savant, comme en analogique.

Non, on est dans le retour au réel, au concret.

 

PB Ces grands formats nickel, c’est beau, mais c’est du sucre, abondance d’information.

Rien à voir avec Marey, Sudek.

 

MP Mais le travail photographique redevient très présent, ce qui donne de l’actualité à votre travail. Ils veulent en finir avec le mythe de la dématérialisation.

Vous aussi, vos objets sont très présents.

Rien de contemporain ne vous nourrit ?

 

PB Non rien ne me nourrit.

Cette photographie m’ennuie, c’est comme du papier peint dans les bistrots années 50, c’est l’école allemande qui a fait ça.

 

MP Mais François Hers photographie ces papiers peints. Les approches sont différenciées.

Aujourd’hui la communauté artistique a disparu, les artistes sont de plus en plus autarciques.

Et vous ?

 

PB Je suis un solitaire, je vois peu d’expos.

Je ne suis pas dans la communication, dans le social, un peu égoïste, un peu autiste.

 

MP Parlons de Marey (Muybridge est une autre histoire, américaine).

Ses archives sortent dans les années 80.

 

PB Le déclic dans les années 80 : une expo double de Marey et de Gina Lollobrigida (stéréotype), c’était incompatible.

Dans l’autre salle, Marey : poésie explosive.

Marey plus compliqué que Muybridge, techniquement bien plus compliqué ; une seule et même image chez Marey (chez Muybridge, vingt photos).

Moi stroboscopie, et aussi péri-photographie : tout sur une image.

Marey était un ingénieur ; il voulait voir le mouvement, la stratification, le quantum du mouvement.

Mais nous aujourd’hui, on ne voit plus la physique, on voit une magie absolue (alors que Muybridge : casiers bien propres, à l’américaine).

 

MP Marey le scientifique qui s’est perdu dans l’esthétique, fasciné par ses images.

Marey ralentit, Muybridge accélère.

Muybridge est un artiste, un grand paysagiste qui pour croûter fait des expériences.

Chez Marey l’esthétique dépasse le scientifique, quand on se confronte aux images.

Un adieu à la photographie : j’ai l’impression que vous n’avez jamais été photographe, au sens commun. L’impérialisme du regard (Foucault) ne vous concerne pas du tout.

Vous êtes l’inverse de Caron.

Vous prenez la machine et la retournez.

Vous radiographiez l’intérieur du cerveau plutôt que de regarder le monde.

Ce n’est pas ce qu’on attend d’un photographe.

Vous êtes peu dans les livres de photographie.

Je déteste le mot « plasticien », mot gênant.

 

PB Mes photos sont opaques, elles ne sont pas transparentes (le contraire de Caron).

J’accepte le mot de plasticien.

 

MP Etes-vous un des peintres ratés devenu photographe, comme beaucoup (Lartigue, Cartier-Bresson, Le Gray) ?

 

PB La peinture m’ennuyait, années 80. J’ai découvert les outils photographiques.

 

MP Un pinceau c’est trop simple pour vous.

 

Question de la salle inaudible

 

PB Je faisais de le peinture hyperréaliste, très précise mais ça m’ennuyait.

 

MP Vous ne regardez pas la peinture contemporaine ?

 

PB Si, bien sûr, je visite des expos, une de mes œuvres s’appelle Cy Twombly (vitres d’un restaurant en travaux).

 

MP Quand vous regardez le monde, ça mérite de faire une image quand ça ressemble à de la peinture.

 

PB C’est pas con, ça.

 

MP Y a-t-il un imaginaire de l’art chez vous ? Une famille d’artistes rodant autour de tout çà ? Bellmer ? Au delà des objets.

 

PB Dans les années 80 Tapiès me fascinait ; j’y voyais non de la peinture, mais des réalités de sable, d’écriture, hyper-réaliste.

Aussi Beuys nous a appris à regarder le réel, de la graisse posées sur une chaise.

 

MP Est-ce que les oeuvres que vous réalisez sont des images ?

 

PB Je ne sais pas. Icones, traces ? En tout cas, l’aboutissement du désir.

 

MP Au sens de la modernité.

Pour moi, vos oeuvres ne sont pas des images.

Je ne regarde pas des images, mais des expériences performées.

 

PB Ce sont des projections, des ombres chinoises, des histoires.

 

MP non, pas des projections, il y a une trop forte présence du résultat de l’expérience.

Il y a des gradations de lecture.

Mais elles laissent une emprise que les images n’ont pas.

Plus proches des icones ; pas des représentations.

Si ce ne sont pas des images, dans votre œuvre y a-t-il de la transcendance ? quelque chose à voir au-delà des images ?

 

PB Oui.

 

Questions du public

 

PB Ma définition, dit ma femme : « Méconnais-toi toi-même ».

 

MP Votre goût pour jouer sur le langage est très belge…

 

A (Jean-Marc) Pas foutu de photographier simplement, incapable d’être le déclencheur. Le déployeur. African Bata en continuité de tes péri-photographies. Ton corps en bande, idem.
Et aussi sur la déconstruction (peut-être d’ordre psychanalytique).

 

PB Souvenir de mes études de dessin industriel : montrer un objet sous plusieurs angles.

La poupée éclatée de dos et de face.
Les Gémelles : yin yang, devant derrière, positif négatif.

Rotation, vouloir faire le tour.

 

A Une question de comprendre. Tu montres la plénitude des objets.

 

PB Je ne montre rien. L’objet c’est ça. Pas une dynamique de monstration, de démonstration.

 

MP Rendre compte des objets. Vous êtes le médecin légiste de votre propre univers. On dissèque : comment est-ce fait ?  Quand la série est faite, l’autopsie est réalisée, on passe à autre chose. Un serial killer de l’image.

 

B Vous êtes un perfectionniste dans la monstration, très précis, très préoccupé par la scénographie. L’exposition est pour vous l’ultime étape.

 

PB Peut-être à mon tort. Ce que j’ai imposé ici, de montrer en série, je devrais peut-être montrer différemment.

Ma manie rationnelle ? J’ai peut-être tort.

Les images chargées de quelque chose que je ne vois pas, les gens sont chargés de mon didactisme et de mes mots, j’en dis trop.

Le public est largement hypocrite : on me demande comment j’ai fait ça. J’explique, et alors ils disent : mais ça n’a pas d’importance, c’est de la cuisine.

Ils ont raison, mais veulent savoir quand même.

Mon tort : répondre à leur demande, même dans ma manière d’exposer.

A 70 ans, je devrais fermer ma gueule avec ma technologie, et je vais laisser les choses vivre par elles-mêmes.

 

B Au-delà de la technique, vos images sont-elles autonomes ou ont-elles besoin d’explications ? On essaie de combler avec des mots.

 

PB Le pourquoi ? Je vous retourne la question.

 

C Êtes vous parfois devant des photos d’autres personnes dont vous ne comprenez pas comment ça été fait ?

 

PB Oui devant le numérique.

Et aussi Sudek : comment a-t-il fait pour photographier ainsi un verre, des bouts chiffonnés et en sortir une telle merveille.

Mais j’aurais été déçu si Sudek m’avait expliqué.

Marey aussi : j’ai appris petit à petit.

 

C  C’est comme des équations à résoudre pour vous ? Vous vous posez toujours ces questions ou vous préférez la non-réponse ?

 

PB J’ai fait dans les années 90 une rétrospective à Pontault- Combault. Le titre de l’exposition était la formule de Euler e  =-1 [en fait identité de Euler]

Nombres infinis (e, i et  très compliqués) et on en fait -1, très simple

Avec  des choses très compliquées, on fait une chose très simple, -1, un cristal.

 

D Désir outil traduction : Que traduit-on ? D’une langue dans une autre ? Essayer de retrouver du sens ?

Ou plutôt la forme ? Cette machinerie des outils pour arriver à l’épure d’une forme, en dehors du sens, plutôt un émoi, un intérêt.

 

PB Passer d’un langage (désir) à un autre, quelque chose dans le visible.

Ce n’est pas simple, c’est complexe ; C’est une douleur majeure de l’artiste : avoir désir et outil, mais se casser le bec sur la traduction.

 

E (inaudible) Parvenez-vous à la traduction de l’expression de mes désirs ?

 

PB Si la traduction est mauvaise, elle va à la poubelle.

Je montre ici l’écorché, que je n’aime pas du tout, mais on me l’a demandé.

Désir intense, mais la traduction est très mauvaise.

Désir encore une fois de rotation, du déroulé du corps (idée de Pennone).

Empreinte  [il raconte comment c’est fait].

J’avais en tête une chimère magique.

Mais la traduction est nulle.

J’aurais dû aussi dérouler le dos rejoindre l’autre côté, personnage déroulé en entier.

 

F (Patricia) inaudible. Question sur le photogramme de carcasses de pigeons.

 

PB J’ai visité un grenier pas ouvert depuis 50 ans : plein de cadavres de pigeons desséchés, diaphanes, transparents.

J’y ai perçu de l’écriture, une typographie, un ready made; j’ai pensé à la calligraphie chinoise, aux taches de Michaux, j’ai vu une écriture.

Donc rayogramme : les résumer sous forme simple d’écriture. Je ne voulais pas une photographie, juste leur écriture seule.

 

MP Donc vous n’êtes pas photographe, mais vous êtes un conteur.

Vous fabriquez des dispositifs de production d’images uniquement pour le plaisir de les raconter.

 

PB Ca me plait.

 

G Tu es un photographe non de la réalité mais du concret.

La question de l’empreinte, c’est ce qui reste, très concret, matérialiste.

Ton argentique, c’est du concret.

 

MP Il y a une forme d’écriture très personnelle dans vos notules du catalogue.

Je n’avais jamais vu ça.

Il y a une voix qui est là.

Vous vous demandez comment je vais en parler.

Pas de la cuisine, mais des recettes (une forme de littérature triviale).

Votre grand plaisir : raconter comment vous faites ??

 

PB Dans le texte, j’ai raconté que je voulais faire le clown avec des matériaux, mais aussi faire le clown avec mes blablas.

Lien entre mes artifices abracadabrantesques et raconter à la Shérérazade.